« Notre école est elle si mauvaise »

Publié le par Hubert Dejean De La Batie

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L’Assemblée Nationale accueillait un très intéressant colloque centriste sur le thème de l’école. Rassemblant des intervenants de grande qualité  tels que Bernard Hugonnier directeur de l’enseignement à l’OCDE, Gabriel Cohn Bendit fondateur du lycée expérimental de Saint Nazaire ou le Docteur Touitou éminent chronobiologiste, ce colloque a donné lieu à d’intéressantes contributions dont celle sur la réforme de la gouvernance de l’Education Nationale dont j’étais le rapporteur. 

Un constat :

Rien n’a vraiment changé depuis que Claude Allègre a qualifié ce ministère de « Mammouth »… Cette administration semble toujours aussi lourde, toujours aussi centralisée et toujours aussi peu réactive. Bref un grand corps malade !!

Pour rénover cette gouvernance ankylosée, nous avons fait le tour des acteurs du pilotage, en essayant de redéfinir leur rôle pour introduire davantage de souplesse et d’initiative.

Les professeurs : 

Ils réclament certes une meilleure formation pour affronter leurs premières classes, mais aussi un peu plus d’autonomie pour conduire leurs séquences et pouvoir alterner cours magistraux et ateliers, usage du document papier ou du document numérique, travail en classe ou hors la classe. 

On peut regretter que les enseignants les plus dynamiques et les plus investis ne reçoivent pas vraiment la récompense de leurs efforts. De même il apparait anormal que les conditions d’exercice les plus difficiles soient confiées aux moins chevronnés et ne donnent pas lieu à un salaire qui reflète la tache ardue qui leur est demandée.

Les parents :

Le consensus est total pour dire que les parents ont une place évidente dans la communauté éducative mais qu’ils doivent s’y conformer. On attend d’eux une participation constructive au CA des établissements, des propositions concrètes pour améliorer la vie scolaire, un investissement dans le périscolaire et une solidarité avec les personnels administratifs et d’enseignement.

Les réticences viennent du constat que certains parents s’immiscent dans le champ pédagogique sans grande conscience des enjeux ; d’autres s’investissent dans les syndicats de parents d’élèves qu’ils instrumentalisent en tribune politique, et finissent par perdre de vue l’intérêt de l’enfant et de son école

Les syndicats enseignants : 

Ils ont, peu à peu, pris un une place très importante dans la gouvernance de l’éducation nationale et surtout dans la gestion des carrières enseignantes.. Nombreux sont ceux qui pensent que cette influence est disproportionnée. De force de proposition, ils se sont peu à peu mués en force d’opposition. On peut leur reprocher un corporatisme certain avec une défense acharnée des privilèges acquis et un conservatisme redoutable qui s’exerce à l’encontre de toute réforme.

Les rectorats :

Ils ont un pouvoir décisionnaire certain, mais  souffrent de deux maux. D’abord, le rôle qu’on leur assigne qui relève purement de la gestion comptable. Ils ont donc peu de possibilité de mettre en place un véritable management des ressources humaines ou d’insuffler une dynamique de projets éducatifs  au service de la Région. Ensuite l’administration rectorale est ressentie comme « courtelinesque », très hiérarchisée, très bureaucratisée, peu dynamique et peu efficace… En clair la version locale du mammouth.

Les chefs d’établissements : 

Ce sont eux les véritables clés de voute d’une réforme de la gouvernance. Il faut leur redonner du pouvoir, notamment celui de former des équipes et de mener des projets. Or aujourd’hui ils n’ont la main ni sur leurs établissements (voir les appels d’offres à la Région),  ni sur leurs collaborateurs (voir les CCMA verrouillées par les syndicats). Une expérience (Programme Clair devenu Eclair) de responsabilisation est en cours et doit être poursuivie. 

Résumons-nous :

Sur le strict plan du pilotage, il nous apparait nécessaire 

1) De redonner du pouvoir aux recteurs et aux chefs d’établissement qui sont capables de faire évoluer rapidement  le système. 

2) Et de remettre à leur juste place les syndicats enseignants et les parents d’élèves.

Sur le plan décisionnel 

1) L’Etat doit garder le pilotage du cadre national des savoirs (et la définition des savoirs de base)

2) Sur le plan académique, le recteur bati le projet régional après consultation des partenaires : élus, entreprises…

 

Le rapporteur 

Hubert Dejean de La Batie

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